La vanille, fierté de la nation Totonaque

Le procédé de la transformation de la vanille a été inventé il y a plus de 2000 ans par la nation Totonaque, qui l'utilisait dans la cuisine, les rituels religieux et dans les échanges commerciaux avec les Aztèques. Pendant près d'un siècle, la nation Totonaque a été la seule à connaitre les secrets de la précieuse épice et à pouvoir la vendre aux premiers Européens, très friants des produits exotiques du Nouveau Monde.

Durant des décennies, des centaines de botaniste ont tenté de perçer le secret de la fécondation de la fleur de la vanille pour en tirer son fruit parfumé, au point qu'ils croyaient la plante envoûtée par les prêtres Totonaques pour se venger de leur appropriation de leurs terres, jusqu'à ce qu'un jeune esclave de 13 ans, Edmond Albius, travaillant dans les jardins d'un riche propriétaire de l'Ile de la Réunion n'en perce le secret et réussisse pour la première fois, la pollénisation manuelle et que ne commance la culture intensive de l'épice dans les colonies et que le Mexique ne perde totalement son marché.

Après un épisode de près de 500 ans ou les Totonaques ont été dépossédés de leur capacité à commercialiser le fruit de leur travail, la destin a redonné à sa nation une fierté nouvelle, une véritable renaissance: une puissante association de producteurs de vanille Totonaque.

Le conseil d'État des vainillos du Veracruz

Histoire de l'émancipation des Vainilleros Totonaco

racontée par Chantale Caron, propriétaire de Colibri Vanille

Ce qui m'a frappé le plus, lorsque j'ai rencontré Don Crispin, c'est immense respect et la révérence des toutes les personnes qui l'ont croisé en ma présence. Déjà qu'un humble paysan soit qualifié de "Don" par tous, avait de quoi intriguer. L'homme est modeste, très animé et doté d'une vivacité physique et intellectuelle remarquable. Totonaque et fier, il a passé près de soixante-dix années de sa vie à travailler la vanille. Quand il raconte son histoire, constellée de rires et les yeux pétillants, tous l'écoutent et rient avec lui de ses histoires qu'ils connaissent par coeur.

C'est que cet homme a affronté et vaincu toutes les difficultés d'un monde impitoyable pour les paysans et surtout les autochtones, sans peur et sans faillir malgré les menaces constantes à sa vie et à celle de sa famille, car son objectif était plus grand que lui-même: Ils sont plus de mille familles de vainilleros autochtones, tous propriétaires de leur finca, à bénéficier maintenant du travail d'affranchissement accomplis par la mise en place de cette association si puissante que c'est elle qui fixe les prix de la vanille régionalement. Il me racontait qu'avant d'avoir accès aux véritables prix d'achat des pays consommateurs (grâce à Internet), les collecteurs locaux achetaient la vanille verte (avant la préparation) au prix de 3 peso le kilo, et se réservaient pour eux-même la transformation de la vanille (nommé, à raison, "beneficio" au Mexique) pour amasser une plus grande marge bénéficiaire. 

C'est d'ailleurs avec un infini mépris que les riches propriétaires d'entreprises exportatrices l'ont raillé encore cette année dans les journaux locaux en disant que "la filière est si moribonde que c'est maintenant un Indien qui fixe les prix de la vanille". Si je peux me permettre, je crois plutôt que c'est leur manière de faire des affaires qui est moribonde, car l'association de Don Crispin, elle, est florissante!

Qui plus est, grâce à lui, les consommateurs du Québec et du Canada pourront avoir accès à une vanille d'une qualité exceptionnelle, plus équitable qu'il est possible de l'être, exempte du moindre intrant chimique, et à un prix enfin raisonnable car elle n'est pas taxée par les collecteurs locaux.

  

Ici, Don Crispin nous explique l'utilisation des nattes dans le procédé de la transformation de la vanille