On gèle à Xilitla!
Cinq degrés celcius à mon réveil! Ce n'est pas tout à fait un temps de plage! Au dires des vainilleros (comme on nomme les planteurs de vanille en amérique latine) cette température froide est très exceptionnelle pour la région. Cependant dans les chaumières, les discussions sont chaudes. À raison : les prix de la vanille ont tant chuté à cause de la fermeture des hôtels et restaurants dans le monde, que plusieurs régions vanillères comme Madagascar et la Papouasie ont connu des famines éprouvantes.
D'ou la raison de mon voyage. En effet, pour contourner les offres d'achat des collecteurs locaux à des prix abusifs, un groupe d'autochtones Maya Huastek de l'État de San Luis Potosi ont sollicité une rencontre avec moi afin de voir s'ils peuvent en toute confiance, exporter eux-même (et comment!).
Une des raisons principales qui font que les Mayas Huasteks sont souvent exploités, est leur méconnaissance de la langue espagnole, et encore plus des langues des pays importateurs. Il nous aura donc fallu plusieurs jours de discussion laborieuse et patiente avant d'arriver à des ententes sur les manières de faire pour atteindre la qualité recherchée, organiser un conditionnement convenable pour le transport; et mettre en place les éléments nécéssaires à la tenue des livres, la facturation et l'exportation. La mise en place de cette association naissante demandera certainement plusieurs mois de travail, mais grace à l'intelligence et la débrouillardise de Zenon Martinez Reyes, nous commencerons probablement à recevoir de la vanille Huasteka de qualité gourmet à partir de l'année prochaine de façon à ce qu'ils puissent recevoir un meilleur prix encore pour leur travail, mais pour l'instant, c'est de la vanille de qualité extrait que nous rapportons du pays Huasteka.
Conseil d'État des vainillos du Veracruz
Histoire de l'émancipation des Vainilleros Totonaco
Ce qui m'a frappé le plus, lorsque j'ai rencontré Don Crispin, c'est immense respect et la révérence des toutes les personnes qui l'ont croisé en ma présence. Déjà qu'un humble paysan soit qualifié de "Don" par tous, avait de quoi intriguer. L'homme est modeste, très animé et doté d'une vivacité physique et intellectuelle remarquable. Totonaque et fier, il a passé près de soixante-dix années de sa vie à travailler la vanille. Quand il raconte son histoire, constellée de rires et les yeux pétillants, tous l'écoutent et rient avec lui de ses histoires qu'ils connaissent par coeur.
C'est que cet homme a affronté et vaincu toutes les difficultés d'un monde impitoyable pour les paysans et surtout les autochtones, sans peur et sans faillir malgré les menaces constantes à sa vie et à celle de sa famille, car son objectif était plus grand que lui-même: Ils sont plus de mille familles de vainilleros autochtones, tous propriétaires de leur finca, à bénéficier maintenant du travail d'affranchissement accomplis par la mise en place de cette association si puissante que c'est elle qui fixe les prix de la vanille régionalement. Il me racontait qu'avant d'avoir accès aux véritables prix d'achat des pays consommateurs (grâce à Internet), les collecteurs locaux achetaient la vanille verte (avant la préparation) au prix de 3 peso le kilo, et se réservaient pour eux-même la transformation de la vanille (nommé, à raison, "beneficio" au Mexique) pour amasser une plus grande marge bénéficiaire.
C'est d'ailleurs avec un infini mépris que les riches propriétaires d'entreprises exportatrices l'ont raillé encore cette année dans les journaux locaux en disant que "la filière est si moribonde que c'est maintenant un Indien qui fixe les prix de la vanille". Si je peux me permettre, je crois plutôt que c'est leur manière de faire des affaires qui est moribonde, car l'association de Don Crispin, elle, est florissante!
Qui plus est, grâce à lui, les consommateurs du Québec et du Canada pourront avoir accès à une vanille d'une qualité exceptionnelle, plus équitable qu'il est possible de l'être, exempte du moindre intrant chimique, et à un prix enfin raisonnable car elle n'est pas taxée par les collecteurs locaux.
Tradition et qualité
Don Crispin nous explique ici l'usage des nattes dans le procédé de séchage au soleil
Le procédé de la transformation de la vanille a été inventé il y a plus de 2000 ans par la nation Totonaque, qui l'utilisait dans la cuisine, les rituels religieux et dans les échanges commerciaux avec les Aztèques. Après un épisode de près de 500 ans ou les Totonaques ont été dépossédés de leur capacité à commercialiser le fruit de leur travail, la destin a redonné à cette nation une fierté nouvelle, une véritable renaissance: une puissante association de producteurs de vanilleTotonaque.
Daniel Marquis
Simplement savoir d’où vient ma vanille va donner un goût différent à mes crêpes du samedi matin ! Daniel de Bromont
Caroline Laplante
Merci de nous faire découvrir la réalité des producteurs e de nous permettre de bénéficier de leur savoir-faire! Vive la vanille équitable!
Ginette Moreau
Merci pour ce magnifique texte qui nous fait comprendre comment Colibri Vanille va à la rencontre de petits producteurs locaux, dans des échanges gagnant-gagnant! Comme c’est inspirant! Bravo!